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Zirotti Jean-Pierre (2006). « Les jugements des élèves issus de l’immigration sur les décisions d’orientation scolaire et les conditions de leur scolarisation ». Cahiers de l'URMIS, n° 10-11. En ligne : <http://urmis.revues.org/document249.html>.
Added by: Rémi Thibert (20 May 2008 14:12:58 Europe/Paris) Last edited by: Rémi Thibert (06 Feb 2014 10:19:15 Europe/Paris) |
Resource type: Journal Article BibTeX citation key: Zirotti2006a ![]() |
Categories: General Subcategories: Discriminations à l'école Keywords: discrimination, justice, migration, psychologie de l'éducation, vie scolaire Creators: Zirotti Collection: Cahiers de l'URMIS |
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URLs http://urmis.revues.org/document249.html |
Abstract |
Conclusion : "[...] nos observations sont compatibles avec la proposition de Honneth selon laquelle : « l’expérience du mépris est à l’origine d’une prise de conscience, affectivement marquée, d’où naissent les mouvements de résistance sociale et les soulèvements collectifs » (Honneth, 2002, p. 171). Nos enquêtes sociologiques confirment que « les émotions négatives qui accompagnent l’expérience du mépris pourraient en effet constituer la motivation affective dans laquelle s’enracine la lutte pour la reconnaissance. »" |
Quotes |
Paragraph 11 les élèves maghrébins expriment pour la plupart le projet d’obtenir au moins un titre universitaire de niveau « bac + 2 » (Brevet de technicien supérieur ou Diplôme universitaire de technologie), alors qu’ils sont le plus souvent orientés vers des formations professionnelles non souhaitées. Pour maintenir dans ces conditions un niveau d’aspiration sociale élevé, par exemple avoir l’ambition de l’accès à une formation de bon niveau, ces élèves doivent combattre le poids des catégorisations propres à l’univers scolaire qui tendent à produire des automatismes et des régularités dont ils subissent les conséquences négatives dans les appréciations scolaires et les décisions d’orientation. Porteurs, fréquemment, de parcours scolaires et de performances éloignés de l’excellence scolaire, assignés à une catégorie d’élèves « faibles », « en difficulté », ils opposent à ce marquage l’affirmation que certaines évaluations sont contestables, que les compétences ne sont pas pertinemment traduites par les performances scolaires, que leurs capacités n’ont pas encore trouvé le cadre propice à leur expression. En réclamant une orientation scolaire favorable, ils réclament le droit à une insertion socioprofessionnelle digne, contestent que les performances passées puissent instruire le procès d’orientation et interdire sans appel l’accès à certaines filières de formation ; ils prennent à ses propres mots l’école de la promotion sociale, ne demandent pas l’instauration d’une discrimination positive, mais la correction des inégalités sociales qui les frappent ; par là , ils se distinguent des autres élèves des milieux populaires. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 7 Critiquer l’école et son fonctionnement, mettre en question les procédures d’évaluation, d’orientation, le style pédagogique et relationnel de certains enseignants, dénoncer la violation de la valeur d’égalité, interroger la relation entre les conditions de la scolarisation et les modalités futures de l’insertion socio-professionnelle, c’est s’inscrire dans une posture qui n’a été observée avec une certaine régularité, au cours de nos enquêtes, et dans une forme argumentée, que chez des filles et des garçons issus de l’immigration maghrébine. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 17 La revendication comme l’insolence sont des réflexes de combattants rompus à la lutte pour le maintien d’une définition acceptable d’eux-mêmes. Les ressources de ce combat trouvent leur origine dans le groupe social qui délimite un espace de totalisation dans lequel se constitue, pour beaucoup, l’expérience collective de l’inégalité, de la stigmatisation, de la relégation dans l’espace urbain, dans les établissements scolaires, dans les classes et filières de formation. Added by: Agnès Cavet |
Double clôture du groupe et émergence d’une posture critique Ce processus de double clôture, qui ne peut être connu que par une minorité nationale ou un groupe immigré, ouvre la possibilité de rapporter à un traitement dévalorisant de l’altérité tout événement discutable de la vie sociale, c’est-à -dire tout événement produit sur le mode du conflit ou de la contestation, dans la vie scolaire notamment. Ainsi est socialement construit le rapport particulier des élèves maghrébins aux conditions de leur scolarité en France. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 17 On a affaire [...] à un surinvestissement dans les effets sociaux de la scolarité. Cette institution est identifiée comme devant réaliser un idéal de justice par un égal traitement de tous les élèves - « ne pas manquer de respect », disent-ils -, par l’offre d’une chance égale d’inscription dans la société - permettre d’« échapper à la rue », disent-ils encore. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 18
Qu’importe qu’une décision d’orientation ou qu’une évaluation soit construite de manière réglementaire, si elle a pour conséquence de renforcer, par exemple, le confinement visible, connu de tous, des élèves maghrébins dans la filière la moins valorisée, elle s’expose alors à perdre toute légitimité. Il en va de même pour le constat d’une lacune dans les compétences(4) quand ne lui est pas adjointe une réelle possibilité d’acquisition ou de renforcement. (45 : La maîtrise de la langue française souvent jugée insuffisante par les enseignants et le peu de moyens engagés pour l’améliorer en sont un cas exemplaire. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 24 [...] la catégorie « Maghrébins » ou « Arabes », dans la société française contemporaine, fonctionne comme une loi qui met en relation des parties (des individus) sur la base de relations (inclusion / exclusion) qui préexistent aux éléments rassemblés dans le collectif et trouvent leur origine dans une dynamique sociale structurée. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 28
De l’expérience de l’humiliation à la constitution du sentiment d’injustice Le fonctionnement de l’Ecole, dans ses procédures et son organisation, dans ses routines professionnelles, est porteur d’une humiliation potentielle qui ne s’accomplit que quand les diverses modalités d’atteinte à l’honneur social peuvent être indexées à un maître, un professeur, un chef d’établissement, si ce n’est à des pairs [...]. Added by: Agnès Cavet |
Paragraph 29 Bénéficiant de la citoyenneté civile, donc des droits liés au statut de l’individu et, pour les plus âgés, de la citoyenneté politique, ces jeunes n’ont pas toujours le sentiment de bénéficier de la citoyenneté sociale qui devrait assurer, notamment, l’accès à l’éducation et à l’emploi. La relégation scolaire, la discrimination à l’embauche [...], attestent ainsi qu’ils ne sont pas « respectés dans leurs droits » ; l’articulation des deux dimensions du phénomène – la double épreuve de ces exclusions –, et sa régularité, leur ouvrent l’accès à la prise de conscience d’une injustice [...] d’autant plus aiguë qu’elle est liée au caractère collectif7 de l’émotion suscitée par la confrontation au mépris social. Added by: Agnès Cavet |